Les bienfaits d'un sol vivant pour votre jardin

Mon jardin a-t-il un sol vivant ou un sol dégradé ?  

Qu’est-ce qu’un sol dégradé ?

Ce type de sol est généralement pauvre en matière organique, peu végétalisé ou épuisé par des cultures gourmandes et un manque d’apports nutritifs. Les matières végétales qu’il produit sont souvent exportées à la déchetterie et non restituées au sol.

Le sol est souvent laissé à nu sur de longues périodes, l’exposant à la pluie qui lessive les éléments minéraux, au vent et au soleil brulant.  

Un travail de retournement excessif de la terre peut aussi enfouir et détruire la vie de surface du sol, tout en faisant remonter une terre profonde qui n’est pas destinée à revenir en surface. Il s’en suit une dégradation de la structure naturelle du sol, qui ruisselle plus facilement lors des fortes pluies et s’appauvrit en éléments fins et en matière organique. Les micro-décomposeurs de surface et autre biodiversité du sol sont alors moins présents, voire presque absents.  

Un sol dégradé à l'extrême devient un support de culture inerte, totalement dépendant des apports artificiels de fertilisants, souvent chimiques et incapable de trouver un équilibre naturel, ce qui le rend moins résistant aux aléas climatiques, et propice aux cultures plus fragiles et de moindre qualité.

D’autre part, un sol très dégradé développe plus facilement une flore bactérienne potentiellement pathogène et rien n'arrête les maladies car aucune barrière naturelle n’empêche cette prolifération. En cas de fort lessivage, il finit par avoir du mal à reprendre vie, le stade ultime étant la désertification, difficilement réversible.

Qu’est-ce qu’un sol vivant ?           

A l’inverse, un sol vivant est en général bien végétalisé et couvert de matière végétale protectrice et nourricière toute ou partie de l’année, surtout lors des périodes de chaleur. On reconnait un sol vivant à sa couleur assez foncée, à sa structure grumeleuse, friable et souple en surface, à son odeur de champignon, ainsi qu’à la présence de vers de terre.  Dans un sol vivant, on trouve tout un réseau de racines, de champignons (mycorhizes) et de matière organique produite par les racines des plantes (exsudats), les feuilles tombées au sol, les déjections de vers de terre, le mucus produit par les décomposeurs en tout genre, les bactéries amies du sol. Le tout forme des agrégats qui permettent au sol de rester solidaire en gardant sa structure et sa richesse sans se lessiver à la moindre pluie.         

Les avantages d’un sol vivant

• Un sol vivant est riche et s’agrade (s’améliore avec le temps) plus qu’il ne se dégrade. Il décompose rapidement les feuilles tombées au sol et la matière organique qu’on lui apporte pour la mettre à disposition des plantes cultivées. Il bénéficie des exsudats racinaires et éléments nutritifs fournis par les bactéries et champignons.
• Un sol vivant résiste mieux au sec grâce au fort taux de matière organique qui lui permet de retenir l’eau et les éléments nutritifs. En outre, la présence de champignons mycorhiziens décuple ses capacités de captage et d’absorption de l’eau et fournit des minéraux nécessaires aux plantes. En effet, les mycorhizes associés aux racines des plantes s’étendent sur une surface considérable bien supérieure à celle couverte par les racines elles-mêmes. Les plantes sont aussi plus fortes et résistantes aux maladies et aléas climatiques dans ces conditions.
• C’est une véritable réserve de biodiversité, un habitat naturel insoupçonné souvent négligé, riche mais fragile car il a tendance se dégrader. Il rend de multiples services comme la rétention de carbone qui participe à la régulation du climat, le fondement des infrastructures humaines quand il est stable, la participation au cycle nutritif en recyclant les déjections et les matières végétales, la production d’aliments sains et de fibres végétales, de bois, de matières médicales, etc.
• Un sol vivant régule les crues et filtre l’eau. Un sol bien structuré a une meilleure capacité à absorber rapidement les fortes pluies, ce qui réduit énormément les risques d’inondation et évite aux limons de se lessiver et de partir dans les rivières puis dans la mer, phénomène qui contribue à appauvrir nos sols. Lorsque l’eau pénètre bien dans le sol, elle est filtrée puis restituée en grande partie dans les nappes phréatiques, tout en constituant une réserve plus importante d’eau dans le sol, très utile en cas de sécheresse.

Comment obtenir un sol vivant

• Evitez de trop travailler le sol et surtout de le retourner. En effet, les « horizons » ou couches de sol, que l’on pourrait comparer aux étages d’un immeuble avec ses habitants et sa structure propres, sont fragiles. Ainsi la couche du dessus doit rester en surface et plus le sol est léger ou sableux, plus il doit être travaillé avec parcimonie. Un sol argileux ou compact en profondeur devra être travaillé et aéré sans retournement de la terre, avec une grelinette par exemple. Par la suite, un léger travail de surface peut être pratiqué, sachant que le paillage et les racines des plantes peuvent suffire. Ce qu’il faut éviter, c’est de tasser le sol de votre jardin en le piétinant. Pensez donc à créer des plates-bandes de culture d’environ 1,2 m de large pour accéder à vos plantations sans marcher dessus, ou à positionner des planches afin de répartir votre poids.
• Faites des apports de biostimulants et de matière organique pour booster la vie du sol et évitez à tout prix les traitements chimiques. Un biostimulant est un micro-organisme (champignons, bactéries, par exemple les mycorhizes ou bacillus) qui, appliqué aux plantes, stimule les processus physiologiques naturels, améliore leur croissance, leur santé et leur résilience face au stress environnemental. Contrairement aux engrais, les biostimulants n'apportent pas directement de nutriments essentiels, mais agissent plutôt en favorisant l'activité des micro-organismes bénéfiques du sol, ou en améliorant l'absorption des nutriments par les plantes. Ils sont utilisés pour des cultures durable en vue d’optimiser les rendements, de réduire l'utilisation de produits chimiques et d’améliorer la qualité des cultures. Il existe des fertilisants naturels du commerce qui contiennent des biostimulants, qu’il est bon d’incorporer en surface du sol pour lancer une culture. Il est aussi possible de récolter un peu de la terre de surface d’un sous-bois et belles parcelles cultivées pour ensemencer la surface de votre sol en biodiversité vivante. Notez également que les apports de purin ou plutôt d'extraits fermentés de plantes, de micro-organismes efficaces avec un soupçon de miel diluée dans le pulvérisateur, permettent aussi au système de démarrer et d'enclencher l'action du vivant.

• Pailler le sol. Le paillage d’origine végétale protège le sol de l’insolation et fournit de la nourriture aux décomposeurs qui, à leur tour, fertiliseront les plantes en décomposant le paillage. Il permet aussi de limiter l’arrosage et le désherbage. L’idéal est de pailler le sol toute l’année, sauf s’il est argileux ou froid en hiver. Dans ce cas, il faut appliquer le paillage en période chaude ou une fois les semis (carottes par exemple) démarrés. L'idéal est de broyer de jeunes branches après la taille (BRF) ou d'épandre un paillage du commerce si vous n'avez pas de broyeur.
• Végétaliser au mieux les surfaces et restituer les résidus végétaux au sol. Un sol dépourvu de plantations sur une longue période, même paillé, sera plus fragile, car moins tenu par les racines et moins nourri par les exsudats racinaires et les feuilles tombées au sol. L’idéal est donc de mener une culture après une autre, de faire pousser de l’engrais vert ou de végétaliser les surfaces nues, quitte à laisser pousser la végétation spontanée pour la faucher plus tard, de préférence une fois qu’elle est arrivée à maturité et a fait son travail d’enracinement. On dit que « la plante fait le sol » et non l’inverse comme on le croit souvent. Il est impressionnant de voir la qualité exceptionnelle du sol après une culture végétale bien dense, ayant reçu en cours de saison des résidus végétaux coupés en morceaux ou broyés en surface du sol, plus que du compost.

Un sol vivant favorise non seulement une croissance vigoureuse et saine de plantes de qualité, mais également la biodiversité, un sol dynamique non dépendant des engrais chimiques et augmente la résilience face aux aléas climatiques. En prenant soin de votre sol et en encourageant la vie qui y prospère, vous créez un écosystème équilibré et durable qui bénéficiera non seulement à votre jardin, mais aussi à l'environnement, donc à vous et à vos enfants au final. A vous maintenant d’entretenir la vie de votre sol, qui vous le rendra mille fois !